Au Sichuan, du poivre, des marches et de la pluie

[Article écrit par François]

 

Chengdu

Chengdu est la ville principale de la province du Sichuan. On est déjà pas mal à l’Ouest en Chine et je m’attendais à une assez petite ville mignonne, mais en fait pas du tout… Il y a quasiment 15 millions d’habitants, plein de buildings, plusieurs lignes de métro, une ville classique de Chine en fait ! On part rapidement visiter la ville la matinée en attendant que Juliette et Colas nous rejoignent pour le reste du voyage. Il n’y a pas forcément énormément de choses à voir à Chengdu même, et en plus la pluie fine qui tombe (on se croirait en Bretagne !) ne donne pas forcément envie de trainer dehors. On passe par la place principale, surveillée par une immense statue de Mao. Je prends tranquillement une photo de la statue quand un policier vient me voir pour me demander ce que je fais (forcément, il ne parle pas un mot d’anglais), vérifier mes papiers, fouiller dans mon sac… Au moins, comme dans beaucoup d’endroits « stratégiques » en Chine, on est sûr qu’il ne va rien arriver ! On se rend ensuite au parc du peuple, qui nous a vraiment beaucoup plu. Il est tel qu’on s’imagine « un parc à la Chinoise », plus petit que ceux dans lesquels on a été à Pékin. Il y a plein de petits chemins qui passent dans la végétation, des petits ponts mignons, des belles portes, un lac avec des bateaux. Les locaux sont installés aux terrasses des nombreuses maisons de thé, certains dansent dans un coin, d’autres lisent le journal affiché sur des panneaux. C’est très vivant, mais très calme en même temps. On serait bien resté un peu plus longtemps, mais Juliette et Coco viennent d’arriver et on se retrouve pour aller acheter nos billets de bus pour notre prochaine destination, le mont Emei Shan. On ne se quittera plus pendant les deux semaines suivantes, jusqu’à la fin de leurs vacances.

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Emei Shan sous la pluie

L’Emei Shan est une des quatre montagnes bouddhiques sacrées du pays et est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Un temple, accessible par plusieurs chemins est construit au sommet (3100 m d’altitude) et plein de petits temples et monastères, dans lesquels on peut manger et dormir, sont disséminés sur la montagne.

On se rend en bus dans la ville de Baoguo, située juste au pied du mont Emei Shan sur lequel on compte randonner les deux prochains jours, malgré les annonces pas très réjouissantes de la météo. A l’arrivée du bus, alors qu’on se demande comment on va faire pour rejoindre notre guesthouse réservée par téléphone dans la journée, un mec monte dans le bus et propose de nous emmener pour quasiment rien. Comme souvent pour l’instant en Chine , tout se passe plus facilement que ce qu’on avait imaginé. On s’installe au Teddy Bear, on avait demandé un dortoir pour 4, mais on aura au final deux chambres doubles bien classes pour le même prix. C’est pas trop mal un peu de confort de temps en temps ! Le gérant de la guesthouse nous donne quelques conseils pour le lendemain sur l’itinéraire à suivre et les temps de parcours. Colas n’est pas au top de sa forme et il ira se coucher tôt sans rien manger.

Départ assez tôt le lendemain matin, il fait encore nuit et il tombe une fine pluie. On va acheter nos billets pour prendre une navette pour se rendre en bas de la randonnée. On va trouver ici les Chinois tels qu’on les attendait : ça crie de partout, ça pousse dans les files d’attente, ça essaie de doubler à la caisse,… Popo s’y croit et ne se laisse pas faire, elle relance son billet de 20 yuans à un mec qui essayait de nous passer devant ! On arrive finalement à avoir nos billets (sacré réduction avec le tarif étudiant, même pour Juliette et Colas avec leur carte vitale) et c’est parti sous une pluie qui ne nous lâchera pas de toute la journée, alternant entre petite bruine et pluie plus forte. Il y a plusieurs moyens d’atteindre le sommet : trois départs en bas de la montagne ou même un bus qui emmène en bas d’un téléphérique pour les moins courageux (ou les plus pressés). On choisit de prendre le chemin qui passe le plus à l’Ouest, le moins emprunté et le plus sauvage, mais qui est assez compliqué pour atteindre le temple situé au sommet. Les paysages en bas sont beaux avec la brume dans la montagne et on est encore bien motivé, même Colas qui ne se sent toujours pas très en forme. La randonnée est plus compliquée que ce à quoi on s’attendait. C’est en fait une succession de marches qu’on va gravir toute la journée, avec quasiment aucun plat. Déjà que de la montée c’est pas facile, mais alors avec juste des petites marches, on a bien souffert ! En plus, elles sont rendues glissantes par la pluie qui ne s’arrête pas. Les paysages ont l’air très beaux avec les grandes montagnes qu’on peut apercevoir, mais on ne distingue vraiment pas grand-chose avec la brume…

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C’est bien fatigués et mouillés qu’on s’arrête vers 13h dans un petit monastère, dans lequel se baladent plein de singes, pour notre pause repas. Les plats servis, simples mais bons et chauds, nous font beaucoup de bien. Puis on demande à la cuisinière s’il est possible d’avoir un thé pour se réchauffer. Elle nous emmène alors dans une petite salle du monastère dans laquelle sont installées deux personnes autour d’une table, en train de boire du thé. L’ambiance du lieu est très paisible, très zen et la déco colle parfaitement avec la salle, très simple et typique. Par contre, on dénote complétement avec nos gros sacs posés en vrac et nos affaires mouillées qu’on tente tant bien que mal de faire sécher. Un Chinois (parlant un peu anglais), en retraite depuis 7 jours dans ce monastère, vient s’installer à table avec nous et nous fait une cérémonie du thé avec théière, transvasement du thé, service dans des petites tasses puis dégustation. Du thé dans les règles de l’art : il fait d’abord chauffer de l’eau dans une bouilloire, la transvase ensuite dans une carafe pour qu’elle atteigne la température adéquate, la verse dans une théière et y laisse infuser le thé pas plus d’une minute avant de la verser dans de toutes petites tasses. Une fois le thé bu (en une gorgée c’est fini, même si on essayait de faire de notre mieux pour le déguster), on recommence. Notre hôte est vraiment sympa, après la difficile matinée qu’on aura passé, sa « zenitude » nous redonnera des forces, et ce moment passé avec lui restera vraiment un très bon souvenir.

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C’est motivé comme jamais (ou presque) qu’on repart sous la pluie pour continuer notre montée des marches. On croise en chemin des Chinois qui confirment encore ce à quoi on s’attendait sur leur comportement : ils veulent se prendre en photo avec nous (c’est marrant de se prendre pour des stars, petit selfie pour Mat P !), et nous disent toujours « hello », le seul mot qu’ils connaissent !

On est bien content d’arriver vers 17h à un autre monastère dans lequel on va passer la nuit. Ca ne sera pas grand luxe comme la nuit dernière, la chambre est assez sommaire (4 lits avec quand même des couverture chauffantes). On essaiera tant bien que mal de faire sécher nos affaires, mais sans grand succès. Les toilettes ne sont pas non plus très luxueuses, un trou séparé par des petits murets, mais on commence à s’habituer (sauf peut-être à l’odeur). Heureusement, il y a quand même des douches chaudes. On décide de se réveiller tôt (5h30) pour continuer notre ascension afin de pouvoir redescendre dans la matinée pour aller voir une autre ville dans l’après-midi. Au final, pas besoin de réveil car les Chinois et leurs bonnes manières se chargeront de nous tirer de notre sommeil en criant, en faisant plein de bruit et en tapant des pieds dans le couloir (!).

On repart pour notre montée des marches, mais finalement, au vu des cordes qu’il tombe dehors, on a décidé de ne pas monter au sommet, mais de continuer notre ascension pendant une heure, puis de redescendre en navette. Il se met à pleuvoir de plus en plus fort, nos fringues nous collent à la peau, on a froid mais on transpire à cause de la montée des marches, on ne s’arrête pas et on arrive trempés à la station de bus. On se réfugie alors dans la « smoking room » pour se changer. C’est assez drôle comme scène, on est à moitié à poil dans notre petite salle, avec des affaires étalées partout et des Chinois passent leur tête par la porte pour venir fumer, mais repartent directement quand ils nous voient. Avec la très faible motivation due à la pluie, on décide d’abandonner notre visite du bouddha géant de Leshan et de rentrer directement à Chengdu.

Selfie chinois

Monastère

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Dans le métro, à Chengdu, on pourra voir que même les policiers aiment bien se faire prendre en photo avec des occidentaux, dont un qui appréciera fortement Colas ! Le soir, on va tester une des spécialités locales, la fondue sichuanaise. Pour ceux qui ont suivi nos aventures pékinoises, le principe est le même, il s’agit de plonger des aliments pour les faire cuire dans un bouillon qui cette fois est bien épicé. On va tester plusieurs aliments classiques (champignons, radis, saucisses, poissons,…) mais aussi des plus originaux comme la cervelle de porc. C’est bon et convivial, mais ça ne vaut pas un bon plat tel qu’on en a déjà mangé.

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Pandi-panda

Si on est venu dans le Sichuan, c’est aussi pour voir des pandas géants. On décide de se rendre au centre de recherche et d’élevage du panda géant, situé à 18 km au nord du centre-ville de Chengdu. Les pandas vivent dans de vastes enclos et le centre cherche à encourager la reproduction de ces animaux. C’est sûr qu’on aurait préféré voir les pandas en liberté, mais il y a peu d’endroits où les observer et, de ce qu’on a pu en voir sur les blogs et sur internet, c’est difficile de pouvoir ne serait-ce qu’en apercevoir. On part donc de bon matin car c’est à ce moment qu’ils sont le plus actif. En effet, ils avalent une énorme quantité de bambous qu’ils mettent ensuite toute la journée à digérer. On est content car on a vraiment bien pu les voir manger (surtout) et jouer (un peu). C’est vraiment trop cool un panda, on pourrait rester des heures à les regarder et les prendre en photo (200 photos quand même, pas facile de choisir les plus belles…) ! On a aussi pu voir des pandas roux, qui sont quand même moins beaux.

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Un spectacle, euh…, intéressant !

Après avoir passé un long moment à observer les pandas, on retourne vers le centre ville pour notre dernière après-midi à Chengdu. On va manger dans une petite gargote où on se fait aider par un étudiant chinois, qui parle assez bien anglais, pour choisir nos plats. On se sent un peu observés par tous les gens dans la rue qui nous regardent intrigués et amusés de voir « notre » Chinois nous aider. En tout cas, il nous a bien conseillé, nos plats sont super bons ! Comme dans beaucoup de plats, il y a du poivre du Sichuan, l’épice locale, qui n’est pas le même que celui qu’on a chez nous, il a bien plus d’arôme et ça anesthésie la langue !

Popo voulait aussi voir un spectacle chinois, on profite donc de cet après-midi pour aller voir un spectacle typique sichuanais dans une petite salle indiquée sur un plan fourni par notre auberge. On ne sait pas trop à quoi s’attendre ! Typique, il y a des chances que ce spectacle le soit, il n’y a que des locaux dans la salle, pas un seul touriste. On est accueilli avec un thé et des Chinois qui viennent essayer de discuter avec nous (bien qu’ils ne parlent pas un mot d’anglais) et nous montrer des photos. Ils ont l’air fiers qu’on soit là pour regarder le spectacle. Par contre, la moyenne d’âge est plutôt, voire très, élevée, on se demande si on n’est pas tombé sur une sortie du club du 3 ème âge ! Le spectacle commence, il s’agit en fait d’une sorte de pièce de théâtre avec des acteurs très déguisés et maquillés. Bon, on ne comprend pas forcément très bien vu qu’ils parlent en Chinois, mais on arrive quand même à saisir le fond de l’histoire (un riche chinois séduit une jeune paysanne, la met enceinte, puis la délaisse ensuite). C’est pas facile à décrire, il y a beaucoup de chants très forts et stridents, des percussions très fortes aussi avec des musiciens qui ne s’intéressent pas du tout à ce qu’ils font (ils fument, boivent, discutent, mangent, s’en vont puis reviennent,…). En plus, la salle sert également de restaurants, il y a donc des cuisiniers en train de préparer le repas du soir avec les odeurs qui vont avec, il y en a pour tous les sens ! Certains spectateurs se lèvent pendant la pièce pour aller donner des sous aux acteurs sous les applaudissements des autres spectateurs ! Il y a aussi un serveur qui nous remet de l’eau chaude dans notre tasse dès qu’on a bu une gorgée ! Bon, par contre, au bout d’1h30 de spectacle, et après un solo de 20 minutes de l’actrice principale, on n’en peux plus. Ca confirme le fait que les Chinois aiment bien le bruit, mais c’est trop pour nous, on s’éclipse discrètement (enfin, on essaie mais c’est pas très réussi vu qu’on passe difficilement inaperçu étant les seuls touristes et les Chinois nous disent merci). On va ensuite rapidement visiter un temple situé juste à côté, on rentre à la guesthouse préparer nos sacs et c’est parti pour la gare pour prendre un train de nuit pour rejoindre le Lac Lugu, à la frontière entre le Sichuan et le Yunnan.

Petite gargote

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12 réponses à “Au Sichuan, du poivre, des marches et de la pluie”

  1. Marie-Joe dit :

    trop beaux les pandas , ça donne envie de les toucher!c’est vraiment super de vous lire et de voir toutes ces belles photos , bon anniversaire en retard à François…bises

  2. Marie-Laure & Bernard dit :

    Les pandas sont magnifiques,on a envie de les caresser.
    Bonne fin de séjour dans l’Empire du Milieu.
    Bises à tous les deux.

  3. Marie dit :

    Hooo les pandas sont trop mignons ! On a envie de leur faire des gros calins ^^
    La photo de vous en selfie avec les chinois est trop marrante 🙂

  4. Momo, soeur de François (papa) dit :

    Que de lecture j’ai eue à mon retour de vacances ! Il faudra m’expliquer votre technique pour faire de si longs récits en si peu de temps et dans quelles conditions. Vous faites un super voyage et on se sent tout près de vous ….. sans les magnifiques paysages. Vos photos sont super. Je m’amuse aussi beaucoup avec les soucis de pipi caca de Popo !!
    Bonne continuation et bonne chance dans votre périple.
    Gros bisous.

    • Pauline BUSSON dit :

      Salut Monique!
      On profite des longs trajets en train ou en bus pour écrire nos récits mais on a pris un peu de retard quand même : plus de deux semaines ! Là on part dans 4 jours pour le Népal, on se posera un peu à Katmandou pour rattraper tout ça.
      Bisous !

  5. Regine et philippe dit :

    Mention spéciale pour les pandas !!! Trop beaux…
    Bonne fin de séjour en Chine et bonne route vers le Népal. Grosses bises

  6. Guillaume dit :

    Que d’aventures !
    Vivement le prochain épisode.

  7. Legoix dit :

    Vos articles sont merveilleux vous me faites voyager. Bonne continuation sylvette

  8. Pauline D dit :

    Dur dur les aventures de randonnée sous la pluie !! Ah et les toilettes me font rêver ^^
    Les photos des pandas sont vraiment superbes, surtout celles où ils sont assis tous les 4 en train de manger dans une posture très « humaine ».

  9. Catherine dit :

    Ils sont super ces petites bêtes et même le petit roux, j’l’aime bien
    Que de trés jolies photos !
    ça te va très bien petit reporter
    bisous à vous deux

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