Le Sajama place la barre haute
[Article écrit par François]
Retour donc à La Paz après nos quelques jours passés au lac Titicaca. On n’y reste qu’une nuit, mais ça tombe bien, Anne-So et Alex, qu’on a rencontrés sur l’Ile de Pâques, puis recroisés à Santiago y sont également. On va donc manger une pizza et boire un coup avec eux, ça fait plaisir de les revoir, on se raconte nos aventures, on échange tous nos bons conseils et on n’oublie pas de se donner rendez-vous à Lyon où on sera à notre retour en France. On ne s’éternise pas à La Paz et le lendemain, on se rend à la gare routière où on prend un bus à 8h30 pour rejoindre Patacamaya. Après un peu d’attente, on enchaîne avec un minivan qui nous conduit jusqu’au village de Sajama en 3h. On ne manque pas sur le chemin de payer la taxe réservée aux touristes étrangers qui coûte 100 bolivianos (soit 12,50 €), un prix raisonnable, mais qui a plus que doublé depuis peu….
Sajama est à l’écart des circuits touristiques classiques en Bolivie et on a une nouvelle fois suivi les conseils avisés d’Hélène et Charles qui étaient venus ici quelques semaines plus tôt et qui avaient vraiment bien aimé. Sajama désigne tout d’abord un volcan situé dans la Cordillère des Andes, à une vingtaine de kilomètres de la frontière du Chili. C’est le plus haut sommet de Bolivie, il culmine à 6542m d’altitude. Sajama, c’est aussi le nom du petit village situé au pied du volcan et qui doit compter environ 250 habitants. Enfin, le parc national englobant cette région s’appelle également Sajama et a été le premier du genre créé en Bolivie.
En arrivant au village, sur la petite place centrale entourée de maisons en adobe, on se rend directement chez Mario et Ana. On est tout de suite accueilli chaleureusement et on s’installe dans une chambre privée sympa, avec 4 lits, salle de bains perso et douche chaude. Il est aussi possible de prendre le petit-déjeuner et le diner sur place pour pas cher, parfait, on est installé comme des rois ! On va ensuite faire un petit tour dans le village pour repérer les lieux et trouver une petite supérette. L’occasion de nous rendre compte que les gens sont très accueillants, ils nous disent tous bonjour et nous font de grands sourires, on se sent directement bien ici.
Seule petite ombre au tableau, le village de Sajama est situé à 4200m d’altitude. On est assez chanceux et on aura du beau temps la majorité de notre séjour, les températures sont donc acceptables pendant la journée, mais dès que le soleil se couche, il fait très froid. Les températures descendent jusqu’à -15°, le vent n’arrange rien et bien sûr pas de chauffage dans les maisons pas du tout isolées. On enfile donc toutes nos couches de vêtements chaque soir et on ne tarde pas à se coucher, pour chercher la chaleur dans notre sac de couchage et sous les 5 épaisseurs de couverture. Mais vous allez me dire, qu’est-ce qu’on est venu faire là ? Et bien, outre les superbes paysages du parc national, l’endroit est aussi connu pour abriter quelques sommets dépassant les 6000m et assez « faciles » à gravir. L’idée de monter aussi haut me trotte dans la tête depuis un petit moment et le parc de Sajama semble être l’endroit idéal pour tenter de réaliser cette performance. On était déjà passé par un col à 5400m lors de notre trek au Népal, mais là, la marche est encore beaucoup plus haute. Il y a tout d’abord dans le parc, le Sajama (6542m), mais il se fait sur 3 jours et il faut déjà s’y connaître en alpinisme. Il y a ensuite le Pomerape (6240m) qui peut se gravir en 1 jour mais qui est également technique. Et enfin, le Parinacota (6348m) et l’Acotango (6052m) sur lesquels il est possible de grimper en une journée. On hésite donc entre les deux derniers. On rencontre à l’auberge un Français fan d’alpinisme, qui est venu dans le parc de Sajama pour gravir les 4 volcans à la suite. Il a commencé par l’Acotango et le Parinacota et il nous assure qu’il a préféré la vue au sommet du premier cité. En plus, l’ascension est plus simple et, vu que Popo n’était pas trop sûre de vouloir le faire, on décide de tenter l’ascension sur l’Acotango. Le rendez-vous est donné pour dans 4 jours.
Les prochains jours vont nous servir à nous acclimater à l’altitude. A peine installé, on décide de monter sur un petit belvédère situé à côté du village, une première mise en jambe.
Le lendemain, on décide de monter en haut du mont Huisalla à 5000m d’altitude. Après avoir acheté des petits pains et une boîte de thon dans une mini-supérette, on s’élance sur le chemin. On passe d’abord par – d’après le Lonely Planet – la plus haute forêt du monde, composée de quenuas nains, une espèce endémique de l’Altiplano. Bon, rien de très impressionnant, on a l’impression de passer entre des petits buissons… La montée est vraiment agréable, on s’approche très près du pied du Sajama sur des chemins en sable et pierres. Par contre, plus on grimpe, plus c’est difficile et la dernière montée tire fortement dans les jambes. On n’est pas mécontent d’arriver au sommet, où on a une super vue d’un côté sur le Sajama et de l’autre sur le village et les volcans en toile de fond. On mange nos sandwichs et on redescend au village, première étape accomplie !
Une grosse journée de marche nous attend pour le jour suivant. Malheureusement, le temps est assez couvert et c’est sous un ciel plein de nuages gris qu’on débute par une marche de 2 heures pour rejoindre un champ de geysers. Le chemin pour y arriver est assez monotone, même si on croise beaucoup de lamas, mais les geysers sont vraiment sympas, des fumerolles s’échappent de plusieurs endroits avec les montagnes enneigées en fond.
On grimpe ensuite pendant encore 2h30 pour atteindre les deux lagunes d’altitude situées à 5000m. Il faut d’ailleurs passer la frontière avec le Chili pour y arriver, mais aucun contrôle ici ! On mange nos sandwichs à l’abri d’un rocher, mais on ne s’éternise pas, le vent souffle, il fait très froid et on a un peu peur de se prendre une averse. De retour aux geysers, on croise des Français en voiture qui nous proposent de nous ramener jusqu’au village. On ne se fait pas prier, on commence à en avoir plein les jambes !
Le soir, on a le droit à un super coucher de soleil grâce aux nuages présents dans le ciel. On s’essaye aussi à la photo de nuit, mais qu’est-ce qu’il fait froid. On fait quelques prises et on court vite se réfugier dans nos duvets !
Pour le dernier jour avant notre ascension, on s’autorise une journée de repos. On en profite pour se promener autour du village, faire quelques photos de nos amis les lamas et on se rend également à des sources d’eau chaude. Il y en a des payantes situées près du village de Sajama, mais grâce aux conseils de Mario, on arrive à en trouver d’autres gratuites, et tout aussi bien. L’eau est chaude, pile à la bonne température, et ce n’est pas facile d’en sortir !
La soirée est consacrée aux préparatifs pour l’ascension du lendemain. On pensait au départ partir avec Mario, mais il n’est pas disponible car il part avec un groupe pour gravir le Sajama. Notre guide sera donc Jamiro. Il vient nous voir le soir pour discuter des derniers détails et le contact passe tout de suite bien, on est rassuré car on ne savait pas trop à quoi s’attendre. On ne parle pas très bien Espagnol et c’est parfois difficile de se faire comprendre. On essaye aussi tout l’équipement que Mario nous prête pour notre ascension, avec tout ça on est paré à affronter le froid et le volcan, même si on ressemble à deux gros bibendums : deux paires de chaussettes, des chaussures de montagne, un collant, deux pantalons, 5 couches en haut, gros cache cou, bonnet et deux paires de gants, des crampons, des bâtons et une thermos.
Le grand jour est arrivé, on se réveille à 3h du matin, il fait très froid dehors, mais le ciel est bien dégagé, bonne nouvelle. Mario étant sur le Sajama et Ana rendant visite à sa mère, c’est Gary, leur fils, qui tient l’auberge dans laquelle on est les seuls touristes. Malheureusement, ce matin, il a du mal à se réveiller et il débarque avec 30 minutes de retard, tout désolé. On prend notre petit-déjeuner rapidement et, à 4h30, on part avec le 4×4, Gary au volant, Jamiro à ses côtés et nous derrière. Il faut normalement 1h30 pour rejoindre le point de départ, mais on se retrouve bloqué un petit moment en s’enfonçant dans un ruisseau gelé.
On sort de la voiture à 6h30 à 5400m d’altitude, le soleil n’est pas encore levé, le vent souffle assez fort et il fait vraiment très froid, heureusement qu’on est bien équipé mais on a hâte de démarrer pour se réchauffer ! On commence à monter doucement tandis que le soleil émerge au loin, derrière les montagnes, en colorant le ciel de rouge. C’est vraiment beau ! On chausse assez rapidement nos crampons pour pouvoir continuer à progresser sur la glace. On avance à une allure assez tranquille jusqu’à environ 5800m, en faisant quelques pauses pour avaler un snickers, des fruits secs ou encore des barres de céréales tout en buvant du maté de coca chaud. Le soleil est maintenant bien présent et il ne fait vraiment plus très froid, d’autant que plus on avance, plus le vent se calme. La montée se fait en marchant le long du cratère du volcan, on découvre donc au fur et à mesure de superbes vues sur les montagnes et volcans alentours.
Arrivé à cette altitude, l’ascension commence à se faire beaucoup plus difficile, on ressent vraiment l’altitude et le manque d’oxygène. On s’encorde avec Jamiro pour qu’il puisse nous rattraper en cas de faux pas. Chaque pas demande un gros effort, et on pousse sur nos bâtons pour nous aider à avancer. Il nous reste deux grosses montées avant d’atteindre le sommet. La première est vraiment difficile pour moi, je lutte pour chaque pas, tout en faisant attention de ne pas accrocher mes crampons dans la corde. Une dernière pause avant la montée finale et c’est reparti. Cette fois, ça nous paraît plus simple, sûrement l’excitation d’être aussi proche du sommet, de pouvoir voir la fin. Un dernier pas et ça y est, après 5h de montée on est arrivé à 6052m ! On se prend dans les bras et on remercie Jamiro, on l’a fait ! En plus, on est chanceux, le temps est au beau fixe et il n’y a plus du tout de vent, ce qui est assez rare ici. La vue à 360° est magnifique. On admire le paysage, on fait des photos de tous les côtés et c’est déjà le moment de redescendre.
La descente est beaucoup plus rapide, mais tout aussi fatigante, surtout avec les efforts déjà accumulés. On coupe au plus court dans le cratère pour descendre, ça tire dans les genoux et on se sent complètement vanné. En plus, on n’a quasiment rien mangé depuis notre petit-déjeuner, ce qui n’aide pas. 1h30 plus tard, c’est avec un grand soulagement qu’on voit le 4×4 qui nous attend au bord de la route. On se change et on s’installe à l’arrière, on ne met pas longtemps avant de s’endormir sur le chemin du retour. On fait quand même une petite pause pour admirer d’un peu plus loin tout le chemin qu’on a parcouru pour atteindre le sommet de l’Acotango.
On passe la soirée tranquillement chez Mario et Ana en buvant une bière pour fêter notre réussite. Mais pas le temps de se reposer en faisant une grosse nuit, la navette pour rentrer à La Paz part à 6h du matin. Le réveil est difficile, il fait vraiment très froid dehors et ce n’est pas mieux une fois à l’intérieur du minivan ! On essaye de se réchauffer en pensant à notre ascension de la veille qui restera comme un des moments forts de notre voyage. Retour dans la journée à La Paz où on passe une nuit pour se reposer un peu et laver des affaires avant de rejoindre une nouvelle destination, Rurrenabaque et la forêt amazonienne, où les températures devraient être beaucoup plus clémentes.
Un magnifique ciel bleu et des paysages à couper le souffle. Bravo pour votre exploit…
Bon retour sur le sol de France.
Bises à tous les deux
Coucou les loulous et bien plus de 6000m c’est enorme bravo les enfants vous êtes des champions et les images sont magiques
Vous avez eu bien raison de choisir cette grosse grimpette
Et pour les reportages,nicola hulo a du souci a se faire ,vous allez etre bientôt aussi bon que lui
Grosse bise a tous les deux, et profitez bien des derniers jours
Waouh !!! Ce devait être magique… quelle expérience !
Les photos sont juste incroyable alors j’imagine qu’en vrai ce devait vraiment être fou