On reprend des forces avant d’attaquer l’Inde

[Article écrit par Pauline]

 

Après notre trek, on avait besoin de recharger les batteries avant de rejoindre la très agitée Katmandou. On a donc décidé de poser nos sacs quelques jours à Pokhara, ville située au sud de la région des Annapurnas. Avec son centre touristique organisé autour d’un lac, les montagnes himalayennes en toiles de fond, et une atmosphère bien plus détendue qu’à Katmandou, Pokhara faisait l’unanimité parmi les trekkeurs qu’on avait rencontrés. Et on n’a pas fait exception : on pensait avoir un coup de blues en abandonnant nos belles montagnes et en retournant à la vie sédentaire, mais pas du tout ! On s’est tout de suite senti très bien dans cette ville et dans la petite guesthouse avec vue sur le lac qu’on a trouvée (qui, ironie du sort, visait une clientèle chinoise !).

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Pour notre première journée, on y est allé tranquille. Déjà, on a commencé par emmener nos affaires à la laverie : après 17 jours de trek, ça devenait vraiment indispensable ! On a ensuite passé la journée à se promener au bord du lac et à se familiariser avec la ville. On n’a pas résisté à l’appel des chaises longues des restos et des bars disposés au bord du lac : on y a fait une pause pendant 2 heures ! Bon il faut dire aussi qu’on a mis plus d’une heure à être servis. Ici, au Népal, il est très rare que les plats des restaurants soient prêts en avance. Quelque fois, ils attendent même la commande pour aller acheter les ingrédients nécessaires. Au moins on est sûr de manger frais, après il ne faut pas être pressé… (mais nous on a le temps !). Pendant cette promenade, on a croisé plusieurs compagnons rencontrés pendant le trek, et on était tous supers contents de se retrouver ici, un peu comme si on faisait maintenant partie de la grande famille des trekkeurs du tour des Annapurnas !

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On s’est aussi accordé quelques petites récompenses après tous ces efforts : moi j’ai choisi une tarte au potiron et chocolat (qui avait un vrai goût de chocolat, ça faisait une éternité !) et François s’est plutôt tourné vers la bière, qu’on a dégustée en soirée, au bord de l’eau en compagnie de Sophie et Kilian.

La journée s’est finie au son des danses du festival de Diwali ! Et oui, encore un festival, à croire qu’ils ne font que ça au Népal ! Celui-ci est un des plus festifs, il dure en tout 5 jours et est destiné à la déesse Lakshmi, la déesse de la richesse. Durant les premiers jours, les Népalais décorent leurs maisons avec des colliers de fleurs et chaque jour un animal différent est honoré : d’abord les corbeaux, puis les chiens, les vaches et enfin les bœufs. Pendant notre trek, on avait déjà eu l’occasion de croiser des chiens ou des vaches avec la tika sur le front et des colliers de fleurs. Le soir du troisième jour, la déesse rend visite à tous les foyers. Pour être sûr de bien l’accueillir, les familles dessinent des mandalas avec de la terre et de la poudre colorée à l’entrée de leur maison et disposent des bougies sur les rebords des fenêtres et des balcons. Les rues s’animent et tous les 50m on croise des spectacles de danses ou juste des gens qui mettent de la musique et dansent dans la rue !

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Notre deuxième journée a été un peu plus active. On décide de louer un scooter pour aller explorer les alentours et profiter une dernière fois des pics enneigés de la région. Après quelques difficultés pour trouver de l’essence (et oui, avec le festival, tout était encore fermé), on se rend à un point de vue situé au nord de la ville : Sarangkot, point de départ privilégié des parapentes. La montée est un peu dure pour notre petit scooter, mais François, conducteur émérite, réussi à nous mener à bon port. Et la vue en haut en valait bien la peine :

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On s’éloigne ensuite de la ville, direction deux autres lacs : le Begnas Tal et le Rupa Tal. On avait entendu dire qu’il fallait absolument passer par la ligne de crête séparant ces deux lacs, pour avoir de magnifiques vues et aussi pour y déguster le meilleur café du coin. Bon, après presque 3 mois sans vrai café, on ne pouvait pas rater ça, nous voilà donc partis à la recherche de la « Begnas Coffee House », petite auberge ayant sa propre production de café et servant le fameux breuvage ! Après avoir abandonné notre scooter et marché un peu tout en profitant de la vue, on la trouve. Ouf, ce n’est pas fermé (on avait un peu peur à cause du festival) et un jeune homme nous propose d’entrer. En fait, on tombera en pleine réunion de famille. Le dernier jour de Diwali, il est de coutume que les familles se retrouvent pour que les frères et les sœurs se posent mutuellement la tika sur le front. La famille nous proposera donc de manger la même chose qu’eux, préparé spécialement pour l’occasion : curry de légumes (un peu épicé quand même !) et sweet roti (sorte de beignet en forme de bretzel), pas mal du tout ! Et pour finir le repas, on nous servira le café tant attendu qui se révèlera être exactement comme on nous l’avait décrit : DE-LI-CIEUX ! Le plus jeune garçon de la famille prendra même un peu de temps pour nous montrer leurs caféiers et nous expliquer à l’aide de photos tout le processus, de la récolte au café moulu. On apprendra que le grain de café est en fait la graine du fruit du caféier séché puis torréfié. Et, petit bonus, on découvrira que la famille possède en plus des ruches et produit son propre miel : on ne résistera pas à l’achat d’un petit pot de miel de café pour agrémenter nos petits déjeuner !

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Après avoir récupéré le scooter et être descendu au bord du Begnas Tal, on repart vers notre dernière destination de la journée : la Pagode de la paix, située en hauteur sur une colline au sud du lac. Cette fois, on ne fait pas les casse-cous et on décide de monter à pieds (enfin, c’est moi qui insiste). Comme le matin, on aura le droit à une super vue sur les montagnes alentours, mais cette fois avec le lac au premier plan et la ville.  Au coucher du soleil, c’est magnifique : en redescendant on verra les pics enneigés se teinter de rose…

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Le lendemain, on dit déjà au revoir à Pokhara. On aurait vraiment aimé y rester plus longtemps, d’autant plus qu’il y une foule d’activités à faire (parapente, paddle, rafting, randonnées, cours de yoga, …). Mais procédure administrative oblige : on doit retourner à Katmandou pour obtenir nos visas indiens. C’est donc après plus de 8 heures de route cabossée qu’on arrive à Katmandou… tout cabossés aussi ! Cette fois, on s’était un peu plus renseigné et on se trouve une guesthouse très propre, dans un secteur plus calme et tenu par un francophone : la Yellow Guesthouse. Pour couronner le tout, elle possède une super terrasse avec plein de plantes vertes où on se posera plus d’une fois loin de l’agitation de la ville (et pour skyper nos familles après 3 semaines sans appel !).

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On passera nos 4 jours ici à redécouvrir la ville : sans festival c’est un peu moins bruyant. On se trouvera une nouvelle cantine : un petit boulanger faisant les meilleures viennoiseries qu’on a mangé pendant notre voyage. Mais surtout, on essaiera de fuir la pollution, la poussière et le bruit environnant. On commencera par se faire une séance de détox en assistant à un cours de yoga rien que pour nous deux. On nous avait prévenu que c’était un yoga un peu spécifique, du « yoga tonique », mais on a été un peu surpris par le début de la séance. Le professeur nous a d’abord donné des mouchoirs, on se demandait bien pourquoi mais on a vite compris… Imaginez plutôt la scène : nous trois (François, moi et le professeur), debouts, les yeux fermés, en train d’expirer de toutes nos forces par le nez (vous comprenez maintenant les mouchoirs…) tout en balançant le bassin d’avant en arrière au rythme de la musique, les bras levés. Ça vous fait rire ? Et bien moi aussi j’ai eu du mal à me retenir ! Cet exercice devait en fait nous permettre de chasser toute la pollution et la poussière de notre corps. Heureusement, le reste de la séance était un peu plus classique : on a testé différentes positions de yoga et fait de la méditation, tout ça agrémenté de quelques séances de sauts en musique (d’où le nom de « yoga tonique »). Et après cette séance un peu particulière, on s’est offert le luxe d’un massage ayurvédique, parfait pour détendre les muscles encore fatigués par la randonnée.

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Toujours pour s’extraire de l’agitation de Katmandou, on a passé un après-midi entier dans le « jardin des rêves », un jardin conçu par un riche occidental en 1920 et restauré depuis. Décalage complet assuré ! On s’est retrouvé dans un petit jardin, très ordonné, avec des bassins, des fontaines, des palmiers et des banquettes pour s’allonger dans l’herbe en se faisant manger les doigts de pieds par les écureuils (j’exagère presque pas). Pour le coup, on était à des années lumières de Katmandou !

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Et pour finir, on a carrément fui la ville, et on est parti à Bhaktapur, situé à 1 heure de route de Katmandou. Petit aparté culturel pour les intellos : à la fin du 15ème siècle, la vallée de Katmandou fut divisée en trois cités états : Katmandou, Patan et Bhaktapur. Ces royaumes rivaux ne se contentaient pas de guerroyer mais se livrait aussi bataille en matière architecturale : c’était à celui qui aurait les plus beaux temples et monuments. Voilà pourquoi aujourd’hui on retrouve dans ces trois villes de magnifiques Durbar Square (place centrale). Et Bhaktapur semble être la cité médiévale la mieux préservée et la plus intéressante car elle compte en tout trois places remarquables.

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Voilà pour ce qui est de la description de notre Lonely Planet (qui, rappelons-le, date de 2012), mais nous ce qui nous a vraiment décidé à y aller c’est le fait qu’il y ait des routes pavées – et donc pas de poussières !- et qu’on y trouve le meilleur yaourt du monde : le jujudhau ! Et en fait, on est vraiment tombé sous le charme de cette petite ville à l’atmosphère villageoise. Les places principales n’ont pas été trop abimées par le séisme, certains temples sont vraiment impressionnants (comme le Nyatapola avec ses 5 étages), et en plus, en dehors des horaires touristiques, tout devient très paisible.

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En se promenant dans la ville, on avait vraiment l’impression de pouvoir observer la vie quotidienne des gens : ici des hommes en train de jouer aux cartes sur une placette, là un groupe de femme en train de papoter sous un porche, au détour d’une rue une femme lavant son linge, ici une autre faisant sa toilette dans le bassin public. Du riz et des poteries séchant au soleil, des temples résonnant au son des prières et des cloches, et partout des maisons magnifiques avec des portes et fenêtres ouvragées.

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On a déambulé plusieurs fois dans les ruelles sans réel but, et on est aussi tombé sur des quartiers plus touchés par le séisme : on a vu des familles obligées de dormir sous des tentes ou dans des maisons de tôles. Mais la reconstruction est bien en route, on a croisé plusieurs chantiers !

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On a aussi fait un petit détour dans les boutiques d’artisanat de la ville : jusque là on avait plutôt bien résisté à l’appel des souvenirs, mais là, François a craqué pour plusieurs Ganesh – pour ceux qui ne lisent pas quand il y a des moments culturels, petit rappel : Ganesh est le dieu de la chance et de la prospérité représenté sous la forme d’un éléphant. Un sculpté dans l’os d’un yak et un autre représenté sur un très beau papier, réalisé de manière traditionnel avec de la pulpe de daphnée. Du coup, on a eu l’occasion de visiter la fabrique pour comprendre toutes les étapes de la fabrication de ce beau papier : pressage, séchage, lissage, coupe et impression. Les machines utilisées étaient plutôt impressionnantes ! On a aussi pas mal discuté avec le gérant de la petite entreprise qui nous a trouvé bien chanceux de pouvoir réaliser un tel voyage. Sans tabou, il nous a demandé combien on gagnait par mois et nous a appris (après de nombreuses opérations sur sa calculatrice antique), que lui, qui gagnait pourtant bien sa vie, devait travailler pendant 10 mois pour obtenir la même chose.

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On est reparti de la ville tout content de notre excursion et un peu nostalgique de quitter bientôt le Népal. Car oui le lendemain, c’est direction l’Inde… on se demande bien quel accueil va nous réserver ce pays, on se dit qu’au moins Katmandou nous aura peut être permis d’avoir un avant goût de l’Inde et qu’on se sentira peut être un peu moins déboussolé en arrivant… affaire à suivre !

Ah mais je vous entends d’ici : « ba alors, elle ne nous a même pas dit comment était ce fameux yaourt ! ». Et bien il était encore meilleur que le fromage blanc acheté sur le marché de Troyes et c’est pas peu dire ! On s’est régalé ! La première fois on a pris des petits pots mais le lendemain matin, pour le petit déjeuner, on a choisi la taille XL (comme sur la photo derrière moi).

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8 réponses à “On reprend des forces avant d’attaquer l’Inde”

  1. Marie-Laure & Bernard dit :

    A nouveau de très belles photos bien colorées et des commentaires riches et intéressants. Attendons à présent l’Inde.
    Bises à tous les deux

  2. Pauline D dit :

    Alors comme ça le café te manquait Popo ? :p et ça a quel goût le miel de café ??
    Les photos des sommets sont magnifiques, et quel ciel bleu ! (celle avec les fleurs devant est vraiment superbe, vous allez pouvoir exposer vos photos un de ces quatre ;-))
    En tout cas vous n’avez pas perdu votre curiosité culinaire et gourmandise haha 🙂

    • Pauline BUSSON dit :

      Et bien oui, même si ça ne faisait pas longtemps que je m’étais mise au café, j’y avais pris goût! Mais maintenant c’est fini : depuis ce fameux café du Népal, on n’en a jamais repris de vrai. Le « chai » indien l’a remplacé, et ça, pour le coup, on ne risque pas d’en trouver en Birmanie…
      Le miel de café était plutôt doux et très onctueux!
      Et oui on n’a pas perdu notre curiosité culinaire, et on a de quoi la satisfaire en Inde !

  3. Marie dit :

    Oh oui j’ai ri en vous imaginant faire votre yoga, expirant par le nez et balançant le bassin ! Je veux une démonstration quand vous rentrerez haha.

  4. Marie-Joe dit :

    moi aussi j’ai bien rigolé donc séance de yoga tonique au retour très attendu !
    Bizzes

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