Leçon d’équilibre dans les rizières, de Banaue à Bataad

[Article écrit par Pauline]

 

Je ne sais pas si vous l’aviez remarqué, mais François voue un culte aux rizières. On ne pouvait donc pas manquer les fameuses rizières en terrasses de la région de Banaue, situées dans les montagnes au Nord de l’île principale des Philippines (Luzon), en territoire Ifugao (des anciens chasseurs de têtes… brrrr !). Les Philippins surnomment ces rizières la « 8ème merveille du monde » et elles ont été classées au patrimoine mondiale de l’UNESCO, il y a de quoi :

01 - les belles rizières

 

Pour y aller, ce sera une nuit complète dans un bus climatisé à fond : avec nos duvets zéro degré, nos cache-cous remontés jusqu’aux oreilles et nos bonnets, on a encore froid ! Mais on ne va pas se plaindre : nous, au moins, on a un vrai siège, pas comme les touristes ayant réservé le bus au dernier moment, qui eux, n’ont le droit qu’à des strapontins dans l’allée centrale. Pas très pratique pour dormir ! On arrive à Banaue à 9h00 du matin et il fait bien gris. On s’y attendait, la région est très pluvieuse, bah oui, ici, le riz ça pousse dans l’eau ! Banaue est une petite ville de montagne, pas forcément très jolie, mais cernée par des rizières en terrasses sculptées dans la montagne. Contrairement à celles que nous verrons par la suite, les murs des terrasses sont en terre et non en pierre.

02 - Banaue

 

A peine arrivé que des rabatteurs nous tombent dessus pour qu’on réserve avec eux une randonnée dans les rizières. Mais on ne se laisse pas avoir et on file à l’office du tourisme avec de nouveaux compagnons : Maïmiti et Charley, eux aussi en voyage longue durée. Tous les quatre, on décide de prendre un guide pour marcher pendant 3 jours dans les rizières, de Banaue à Bataad. Départ prévu pour le lendemain matin. En attendant, on se réfugie dans notre auberge. La pluie persistante nous fera passer l’aprem dans notre auberge à discuter avec Maï et Charley de leur voyage aux Philippines (on en a profité pour récolter des bons plans pour plus tard). On sortira juste le bout de notre nez pour aller arpenter la rue principale à la recherche de provisions pour le trek. On trouvera une petite boulangerie faisant toutes sortes de pains, beignets salés et pâtisseries pour trois fois rien et on fera les stocks.

Le lendemain à 8h00 des tricycles viennent nous chercher à notre auberge. C’est la première fois qu’on monte dans ces engins : c’est quand même moins confortable qu’un tuk-tuk, on est tout plié.

03 - tricycle

 

On commence par aller retrouver notre guide à l’office du tourisme : il s’appelle Jasmin, a 39 ans et parle très bien anglais… enfin sauf quand il mâchouille ses feuilles de bétel (comme les Indiens et les Birmans), là on comprend plus rien !

04 - la fine équipe

 

On file donc tous les cinq en tricycle vers le début de notre randonnée en faisant plusieurs arrêts sur la route pour admirer les terrasses couvertes de nuages (et oui, il ne fait toujours pas très beau).

05 - les rizières couvertes de nuages

 

Le riz est cultivé ici de manière raisonnée et sans aucun pesticide. On ne le récolte qu’une fois par an car on lui laisse le temps de bien pousser avant de le ramasser. Nous, on arrive au début de la période de repiquage. La plupart des terrasses sont donc en eau, dans l’attente d’accueillir de nouveaux plants de riz. Quelques unes n’ont pas encore été nettoyées : il reste encore les tiges séchées des récoltes précédentes, qui sont laissées sur place pour fertiliser les sols. On croise donc plusieurs personnes en train de nettoyer leur parcelle, d’aplanir la boue et de refaire les murets abîmés. D’autres sont déjà en train de repiquer le riz. Des nurseries sont préparées sur certaines parcelles, quand les plants ont poussé d’environ 10 cm, on peut les repiquer dans les terrasses en les espaçant bien.

06 - terrasses en eau

07 - travail dans les rizières

08 - nurserie

09 - plants repiqués

10 - travail de repiquage

 

On commence notre rando dans la forêt. Jasmin nous coupe des bambous pour qu’on puisse s’en servir comme bâton de marche… et en effet ça va servir ! Il ne pleut plus mais le chemin est bien boueux. Charley nous fait bien rire à essayer d’éviter les flaques d’eau et la boue à cause de ses chaussures toutes neuves, peine perdue !

11 - prêts pour la rando

 

Après 3 heures de marche, on arrive au 1er village, Pula, bien évidemment entouré de terrasses. Les murets sont ici en pierre et l’eau qui descend des montagnes est astucieusement canalisée pour irriguer tous les niveaux. Jasmin nous explique que ces rizières ont 2000 ans, beau travail : après tout ce temps, les techniques n’ont pas changées. On déjeune sous un petit abri car il s’est remis à pleuvoir. On rencontre deux Françaises (Claire et Marion) en voyage en Asie pour trois mois avec qui on sympathise. Leur guide, qu’elles surnomment « Ma Couille » (car c’est le seul mot français qu’il connaît) n’est pas le dernier pour déconner !

12 - Pula

13 - autour de Pula

14 - autour de Pula

 

On se remet en route lorsqu’il s’arrête de pleuvoir. Cette fois, plus de chemin boueux mais des murets glissants très étroits : et oui, on marche directement dans les rizières ! Heureusement qu’on a les bâtons en bambou pour nous équilibrer car un faux pas serait le mal venu… c’est haut tout de même !

15 - autour de Pula

16 - équilibrisme

17 - sur la route

 

Au bout de trois heures, on arrive à notre destination finale pour la journée : le village de Cambulo. Notre guide nous emmène à notre auberge pour la nuit juste à temps, à peine arrivé, qu’il se met à pleuvoir des cordes ! On prend l’apéritif dans la petite hutte des guides auprès du feu et au son de la guitare. Une fois de plus, les Philippins nous démontrent leur hospitalité et leur sympathie : c’est la première fois que des guides de randonnée nous invitent à partager un moment avec eux. On s’amuse bien, ça rigole, ça chante, on a même le droit à notre chanson française : Aux Champs Elysée. On dîne ensuite entre Français, notre petit groupe de quatre ainsi que Claire et Marion qui se retrouvent dans la même auberge que nous. Soirée très sympathique, qui ne se finit quand même pas très tard : demain, on a encore de la route !

Pour le deuxième jour de marche, il est prévu de rejoindre le village de Bataad, réputé pour avoir les plus belles terrasses de la région. On se met en route sous la pluie, mais ça s’arrête très vite. Deux heures plus tard, on découvre Bataad sous une éclaircie. On arrive en surplombant le village : c’est magnifique !

18 - Bataad

19 - Bataad

 

On ne se lasse pas d’admirer le paysage, et, tout en descendant dans les rizières pour rejoindre notre auberge, on mitraille avec l’appareil photo. Quelques personnes travaillent dans les parcelles et on s’arrête un peu pour regarder la technique du repiquage. Pas sûr qu’on réussisse à reproduire les gestes ultra-précis.

20 - on descend vers le village

21 - encore Bataad

22 - encore Bataad

23 - et toujours Bataad

24 - travail dans les rizières

 

On arrive vers 12h00 à notre auberge, bien affamé. Notre guide nous ayant dit qu’il avait choisi notre auberge pour sa bonne cuisine, on a hâte de découvrir les plats préparés ici. On n’est pas déçu, on goûtera ici au sizzling, un plat assez répandu aux Philippines qui consiste à apporter sur une pierre chaude divers petits morceaux de viandes sautés. Ça fait son effet quand ça arrive sur la table car l’assiette est encore toute fumante et c’est délicieux ! Après avoir contenté nos estomac, on repart en balade à travers le village pour rejoindre une cascade. On ne s’y attendait pas mais elle est très impressionnante, on ne s’entend plus parler à côté. Le retour se fait malheureusement sous la pluie, on arrive trempé. Heureusement, l’auberge, en plus de préparer de délicieux repas, a une douche chaude !  Réchauffé, on passera une très bonne soirée en compagnie de la même équipe que la veille.

25 - sur le chemin vers la cascade

26 - rencontre sur le chemin

27 - la cascade

 

Le lendemain, la route est moins longue : seulement 3 heures de marche jusqu’à Bangaan, d’où on pourra rejoindre la route pour retrouver nos tricycles qui nous ramèneront à Banaue. Mais ça nous parait long car cette fois, il pleut vraiment fort. Les murets des rizières sont très glissants et il faut faire bien attention à chaque pas. On n’est pas mécontent d’arriver !

Avant de nous quitter, notre guide nous propose de déjeuner dans un restaurant-karaoké. On accepte tout de suite : avec François, depuis Manille, on avait trop envie de tester le karaoké. C’est Jasmin qui s’y colle en premier, et lui qui ne voulait pas chanter lors de notre première soirée avec la guitare, se révèle en fait très bon au micro et nous fait des chansons de « rockeur-lover ». C’est ensuite au tour de notre chauffeur de tricycle, lui non plus n’est pas mauvais. Et puis arrive le moment où on doit se lancer. On choisit de passer par couple, à deux c’est plus rigolo (ou moins intimidant ?) et on sélectionne nos chansons dans un immense recueil (si avec tout ça on ne trouve pas notre bonheur…). Maï et Charley optent pour un tube pop et nous, on essaie de faire dans le style local : ce sera « Please forgive me » de Bryan Adams, pas si facile… par moment on se perd un peu dans la chanson ! C’est en tout cas amusant de voir le décalage entre notre perception du karaoké et la leur : alors que nous, on ne peut pas s’empêcher de rire en observant les autres au micro, eux prennent ça très au sérieux : ils écoutent les autres chanter sans rien dire et applaudissent à la fin mais sans jamais aucune moquerie.

28 - Jasmin

29 - Maï et Charley

30 - et nous !

 

En tout cas, ce sera une très bonne façon de clôturer ces trois jours de randonnée dans les rizières. Même si le soleil n’était pas au rendez-vous, les paysages traversés nous en auront mis plein la vue et on aura passé trois jours très sympas en compagnie de Jasmin et de nos quatre copains français ! On repart le soir même pour Manille dans le même bus climatisé que la dernière fois. Dans deux jours, direction les plages avec mon père et ma sœur qui nous retrouvent. On a hâte !



13 réponses à “Leçon d’équilibre dans les rizières, de Banaue à Bataad”

  1. Pauline D dit :

    Je vois que vous n’avez pas chômé pendant ces jours de pluie néozélandais ^^ désoles de vous avoir monopoliser pendant tout ce temps (en fait non hahaha) des bisous à tous les 2 ! On va lire tout ça dans l’avion :'(

    • Pauline BUSSON dit :

      Encore de la pluie pour la fin du voyage en Nouvelle-Zélande, on va peut être finir par rattraper notre retard sur le blog… ^^

  2. Marie-Laure & Bernard dit :

    Effectivement dommage qu’il pleuvait…Les rizières sont de toute beauté et la randonnée au milieu des terrasses a beaucoup de charme.
    Bises à tous les deux

  3. papou dit :

    Ouah c’est beau ces paysages de rizières, ça donne envie d’y aller…. on aurait dû arriver plus tôt ! Bisous

  4. Regine et philippe dit :

    Ils ont bien du mérite ces riziculteurs… impressionnant de voir qu’ils utilisent la technique ancestrale. Conditions de travail bien laborieuses et je suppose pas de 35h !!! Que de beaux paysages toujours et encore…merci pour ces belles photos. Les enfants ont toujours de si belles bouilles… grosses bises et bonne suite. Je suppose que Pauline a retrouvé sa famille avec grand bonheur.

  5. Philippe et jojo dit :

    Salut les loulou superbe reportage ,des paysages de toutes beautés, avec des habitants qui m’ont l’air super sympa
    Encore un pays a retenir pour un voyage (on ne pourra pas tous faire,mais on peux rever),merci encore de nous faire voyager, profitez bien et bonne retrouvaille avec la famille

  6. koko dit :

    Magnifiques ces rizières, j’y retournerais peut-être un jour pour les voir..:)
    Sinon pour le karaoké dommage que vous pouvez pas poster la vidéo, car nous on l’a vu (merci le disque dur externe) et on a bien rigolé !!

  7. Françoise S. dit :

    Belle expédition et vos photos sont tout simplement superbes ! Bonne poursuite de voyage et merci de partager ces beaux moments.

  8. Charley et Maï dit :

    Hey ! Comment ça va ?
    Génial votre blog et article(s) ! On s’est replongé dans notre périple (oui périple ahah) philippin grâce à vos récits ! Puis les photos c’est plus que réussi, chapeau bas ! Photographes hors pair ! On va regarder et lire le reste de vos expéditions ça donne plus qu’envie ! J’espère que tout va bien pour vous !

    • Pauline BUSSON dit :

      Contents de vous avoir fait revivre ces supers moments qu’on a passé ensemble! Oui tout va bien pour nous, on se dore la pilule en Nouvelle Calédonie. On espère que pour vous tout va bien en Australie!

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