Arrivée en Birmanie : plus on est de voyageurs, plus on rit

[Article écrit par Pauline]

Déjà plus de 4 mois qu’on est parti… avec la Birmanie, on ouvre un nouveau chapitre, celui de l’Asie du Sud-est ! On l’imagine un peu comme un tournant dans notre voyage : on va gagner en facilité et confort de voyage, on va peut être aussi croiser plus de compatriotes qu’avant. Et puis, cela va surement être moins intense, plus reposant que l’Inde. La Birmanie, c’est aussi le pays où mon père, Nadine et Clara vont nous rejoindre pour 15 jours. Et oui, on aura la chance de fêter Noël en famille… même si elle ne sera pas au complet. Inutile de vous dire que j’attendais ces retrouvailles avec impatience !

On arrive donc le 12 décembre à l’aéroport de Yangon, en Birmanie, ou plutôt devrais-je dire au Myanmar. En effet, le nom du pays a été changé en 1989, ainsi que celui de nombreuses villes, sur décision de la junte militaire qui voulait rompre avec l’histoire coloniale du pays. D’ailleurs d’autres décisions ont été prise dans ce sens, certaines font vraiment sourire… Un exemple ? Et bien pour ne plus faire comme les anglais, il a été décidé sur un coup de tête que les véhicules rouleraient désormais à droite… pas très pratique quand toutes les voitures ont le volant à droite ! La capitale a aussi été transférée de Yangon à Naypyidaw, une ville nouvelle, avec des avenues immenses mais encore très peu d’habitants…

On a deux jours avant que les Busson-Lami nous rejoignent. On s’installe donc en plein centre-ville et on commence à se familiariser avec la culture birmane. On remarque tout de suite leur style vestimentaire : la jupe, appelée ici longji, portée par les femmes mais aussi par les hommes ! Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas que les plus vieux qui la portent, l’habit traditionnel a encore la côte chez les jeunes. Peut être parce que c’est super pratique ! Je vais essayer de vous décrire le principe mais ce n’est pas si simple (+1 pour celui qui comprend ! ) : il faut imaginer une énorme jupe, bien plus large que leur tour de taille, qu’ils nouent en rabattant les deux côtés sur leur ventre et en faisant un nœud au niveau du nombril (peut être qu’il y a des vidéos sur YouTube ?). Du coup, ça couvre complètement les jambes mais laisse beaucoup de liberté de mouvement. Les femmes en revanche, utilisent de longues bandes de tissu qu’elles enroulent autour de leur taille. Beaucoup moins pratique, cela les oblige à s’asseoir en amazone sur les scooters.

Deuxième caractéristique physique des birmans qui saute aux yeux : leur maquillage. Pour être belles, les femmes n’utilisent ni rouge à lèvre, ni mascara, ici c’est la mode du tanaka : une pâte obtenue en frottant une bûchette de bois de tanaka sur une pierre avec de l’eau, qu’elles s’étalent ensuite sur le visage, et pour certaines, sur tout le corps. Apparemment, ce tanaka a plein de vertus : il protège des coups de soleil, repousse les moustiques et hydrate la peau. Les visages des enfants en sont aussi souvent couverts, et il nous est arrivé de voir des hommes avec.

Enfin dernière particularité, qui n’est pas spécialement à leur avantage : leur dentition ! Beaucoup de Birmans se transforment en vampire dès qu’ils ouvrent leur bouche ! Pourquoi ? Et bien parce qu’ils ont la mauvaise habitude de mâcher des feuilles de bétel (en fait un mélange de feuille de bétel, de noix d’arec, de chaux et de tabac) qui donnent à leur salive une couleur rouge et leur ruinent leur dentition ! Et je ne vous parle pas des crachats incessants dans la rue, qui laissent imaginer qu’on a  égorgé un animal à cet endroit! Désolé, pas de photos, on ne voudrait pas heurter les âmes sensibles !

La ville de Yangon nous apparaît comme particulièrement verte et calme. Après avoir discuté avec d’autres voyageurs, on pense que notre jugement a été influencé par le fait qu’on venait d’Inde mais en tout cas, qu’est ce que c’était agréable de se promener sans entendre sans cesse des bruits de klaxons, de pouvoir s’asseoir dans un parc bien vert sans aucun déchet, et de ne pas avoir de poussière partout à la fin de la journée ! On a aussi retrouvé ici les ambiances de rues de la Chine : les marchés de fruits et de légumes mais aussi les poissons et les poulets attendant de se faire tuer pour le premier client venu, les petits restos avec tables et chaises façon dînette et les night market attirant les foules en quête d’un dîner animé. D’ailleurs, en parlant de dîner, il a aussi fallu qu’on s’adapte au rythme local : alors qu’on était habitué avec l’Inde à prendre nos repas assez tard le soir, là mieux valait ne pas se présenter après 20h00 dans les restos sous peine de se coucher le ventre vide.

Mais ce qui nous a particulièrement frappé en nous promenant dans la ville c’est l’omniprésence du bouddhisme. Il ne se passe pas 5 minutes sans qu’on croise des moines ou des moinettes (petit surnom qu’on donnera par la suite aux nonnes avec Clara ). De tout âge (il y a aussi beaucoup d’enfants), ils se promènent en robe rouge pour les premiers et rose pâle pour les secondes.

Et puis, partout où on pose notre regard, on aperçoit le sommet d’une pagode, le lieu de prières et d’offrandes bouddhiques. Bien souvent, elles sont dorées mais parfois aussi blanches ou recouvertes de faïence. Si elles sont toutes un peu différentes de par leur architecture, elles contiennent toutes un nombre impressionnant de bouddhas. Des immenses, des minuscules, certains debout, d’autres assis dans la position du lotus ou encore allongés pour les plus fainéants. On trouve aussi dans chaque pagode, des hôtels à prières correspondant à chaque jour de la semaine. Les Birmans viennent honorer celui qui correspond à leur jour de naissance, ils prient puis versent de l’eau sur le bouddha. En Birmanie, ce n’est pas la date de la naissance qui a de l’importance, mais le jour de la semaine où on est né. Cela permet de déterminer le prénom de l’enfant et par la suite de lire l’avenir de la personne. En visitant différentes pagodes on a appris pas mal d’autres choses sur le bouddhisme en Birmanie, mais ça, on vous le garde pour un prochain article.

Et puis le jour J est arrivé, je n’en ai presque pas dormi de la nuit tellement j’étais impatiente de les voir ! On voulait leur faire la surprise d’aller les chercher à l’aéroport. Seul problème : on ne connaissait que l’heure d’arrivée de leur avion (en plus, elle n’était pas exacte !), pas de numéro de terminal, ni de nom de compagnie aérienne… ça aurait été trop simple ! On s’est donc pointé comme ça et on a essayé de trouver le vol qui semblait le plus correspondre… et on a attendu… longtemps : l’avion sur lequel on avait misé avait du retard. Moi je stressais à force d’attendre, me demandant si on ne s’était pas trompé et scrutant les passagers qui arrivaient aux douanes (on avait trouvé un poste stratégique d’observation). Et puis je les ai vu au loin sur les escalators, Clara en tête. Ni une, ni deux on a couru au hall d’accueil pour brandir nos pancartes (on avait toujours rêvé de faire ça !). Après avoir récupéré leur sac, ils sont enfin arrivés dans le hall, ont mis un peu de temps à nous repérer (pourtant avec nos pancartes, on gesticulait bien !), s’en sont suivies de longues embrassades : on était content de se retrouver !

On avait réservé le meilleur de Yangon pour leur arrivée : la pagode Shwedagon, un des lieux de pèlerinage bouddhique les plus importants de Birmanie. Tout de suite après avoir posé les valises dans notre nouvelle guesthouse, on est donc parti pour la visite, profitant que les nouveaux arrivants ne ressentent pas encore le contrecoup du voyage. Pour entrer dans les pagodes, il faut enlever chaussures et chaussettes et se couvrir les épaules et les jambes… ce que Clara, en short, n’avait pas prévu ! On en a donc profité pour acheter le 1er souvenir du voyage : un longji !

On est entré dans la pagode vers 15 heures, il n’y avait alors pas trop de monde, on a pu admirer tranquillement le magnifique stupa central et les salles de prières qui l’entoure… enfin pour Clara, ce n’était pas vraiment le cas.. elle avait tellement la côte auprès des birmans, qu’elle a passé son temps à se faire prendre en photo ! Même les moinettes voulaient la leur! Dès qu’elle passait, les têtes se tournaient, elle avait alors le droit à de grands sourires et à des « you are so beautiful ». Ca n’a pas eu l’air de la déranger, mais si c’est comme ça pendant tout le voyage, elle va peut être finir pas se lasser.

Vers 16h30 le temple a commencé à se remplir : quelques touristes en plus mais surtout de nombreux bouddhistes venus faire leur prière devant l’un des innombrables bouddhas que compte le complexe. Nous, on a observé ces familles, ces groupes de moines ou ces novices (enfants moines) faire leurs offrandes et réciter des chants… Parfois ça sonnait un peu faux mais l’ensemble dégageait une belle harmonie et à se promener un peu au hasard, on n’a pas vu le temps passer. Le soleil a fini par se coucher, renforçant encore l’atmosphère mystique des lieux. On est quand même parti, c’est que nos nouveaux arrivants commençaient à être rattrapés par le sommeil ! Ils ont lutté encore un peu le temps d’aller déguster un excellent poisson grillé dans une cantoche de rue du centre-ville et ont fini par sombrer dans le taxi qui nous ramenait à la guesthouse.