Trek dans la Cordillera de Los Frailes

[Article écrit par François]

 

Notre bus au départ d’Uyuni arrive assez tard à Potosi et il faut changer de station de bus si on veut aller directement à Sucre, sans qu’on soit sûr qu’il y ait encore des bus. On décide donc de passer la nuit à Potosi. On marche pas mal avec nos gros sacs, ça monte bien dans la ville et l’altitude n’aide pas (quasi 4000 m d’altitude). Les rues sont bien animées, il y a plein de petits stands partout. On trouve finalement une petite auberge pas chère, on mange un burger dans la rue et on rentre se coucher, bien fatigué par toutes nos émotions et efforts de notre tour dans le salar d’Uyuni.

Le lendemain, comme prévu, on prend un bus pour Sucre où on arrive vers midi, puis on prend un minibus pour rejoindre le centre. Il faut savoir que dans les villes en Bolivie, il y a énormément de minibus (appelés « collectivo » ou « micro ») qui circulent dans les rues avec les arrêts desservis écrits sur le pare-brise. C’est pratique et pas cher (0,20€), mais il faut un peu connaître la ville pour savoir où aller et ce n’est pas très simple avec nos gros sacs. D’ailleurs, c’est un échec pour aujourd’hui, il y a vraiment beaucoup de circulation et notre minibus n’avance quasiment pas, on descend donc et on termine notre route à pied. On va visiter plusieurs auberges avant de poser nos sacs dans une petite maison d’hôtes assez sympa.

01 - Micro

 

Au programme des jours à venir, on compte faire une randonnée sur deux jours dans la Cordillera de Los Frailes, chaîne de montagnes située à côté de Sucre, et dans laquelle vivent les Jalq’a, un peuple de langue quechua. Pour en savoir plus sur ce trek décrit dans le Lonely Planet, on se rend dans un centre d’information. Le mec au guichet, un occidental pas très sympathique, n’a pas l’air d’y connaître grand-chose et il nous dit que ce n’est pas trop possible de le faire seul, qu’il faut prendre un guide et qu’il n’y a que très peu de transports pour rentrer du trek. Bon, après s’être renseigné sur des blogs, il semble que ce soit quand même assez facilement faisable et on décide de partir le lendemain matin, en emportant quand même un peu de provisions et nos tentes, au cas où.

Le soir, je profite que Chap soit encore avec nous, et surtout qu’il ait une tondeuse pour me couper la barbe. Dans la foulée, Popo se propose pour me couper les cheveux, mais, vu la touffe que j’ai sur la tête, c’est pas facile et, assez vite, ça ne ressemble plus à rien. Pour limiter le carnage, je vais chez une coiffeuse, qui rigole bien en me voyant arriver. Après l’Inde et le Laos, j’aurais donc également testé le coiffeur en Bolivie. Je me sens beaucoup plus léger comme ça, mais pas sûr que ça plaise beaucoup à Popo. En tout cas, mon changement de tête a bien fait rire tout le monde !

01bis - Transformation

 

Le lendemain, assez tôt, on prend un collectivo dans lequel on rencontre un couple qu’on avait déjà croisé lors d’un barbecue sur la plage de Poé en Nouvelle-Calédonie. On va se suivre pendant toute notre petite rando. Le collectivo nous lâche près de l’aéroport où on prend tous les 7 un minivan qui nous dépose au départ de notre trek, à l’église de Chataquila (située à 3560m d’altitude).

02 - Chataquila

 

La marche commence par une longue descente sur un chemin pavé, la vue sur la chaîne de montagne est superbe et on retrouve un peu des différences de couleurs comme dans le nord de l’Argentine. Le chemin nous mène vers le village de Chaunaca qui possède, comme la plupart des petits villages paumés de Bolivie, son propre terrain de foot. En descendant, on croise au niveau d’un péage (oui, vous avez bien lu, un péage perdu au milieu de nulle part pour passer à pied sur une petite route en terre !) un groupe de touristes accompagnés d’un guide. Dans ce groupe, on reconnaît vite Perrine et Clément, deux voyageurs qu’on a déjà croisés sur l’Ile de Pâques, à San Pedro de Atacama, à Salta, à Tupiza et dans le salar d’Uyuni, on n’arrête vraiment pas de se retrouver ! On discute un peu, puis on reprend le chemin, mais on s’arrête assez vite pour la pause sandwich au soleil, les estomacs (surtout celui de Flore) commençant à nous rappeler à l’ordre.

03 - Rando

04 - Rando

05 - Rando

06 - Rando

07 - Rando

08 - Terrain de foot

 

On repart ensuite en direction de Maragua où on doit dormir le soir, en passant toujours dans de beaux paysages et des petits villages. Dans l’un deux d’ailleurs, on tombe de nouveau sur un péage, un monsieur et une dame qui ont tendu une ficelle au milieu de la route. On leur demande pourquoi on doit payer et il nous explique, avec son énorme boule de feuilles de coca dans la bouche, que c’est pour aider au développement du village. Mouais…

09 - Rando

10 - Rando

11 - Rando

12 - Rando

13 - Petit village

 

Il fait très chaud et on arrive en fin d’après-midi au petit village de Maragua, situé au milieu de son cratère rouge de 8km de diamètre. Il ne s’agit en fait pas d’un cratère de volcan comme on peut l’imaginer, mais les montagnes situées tout autour du village ont vraiment cette forme caractéristique ronde et encerclent les maisons et les champs. Le village n’est pas très animé et on croise seulement des écoliers sortis de l’école, ainsi que quelques mamitas. Après avoir un peu cherché, on trouve une petite auberge sympa où on retrouve nos deux compagnons du matin. Le repas du soir et le petit déjeuner sont inclus, parfait pour nous qui ne savions pas sur quoi nous allions tomber. Par contre, il n’a pas beaucoup plu ces derniers temps, on doit donc se passer de douche pour aujourd’hui. Popo et Flore se motivent pour aller voir une chute d’eau et une grotte à côté du village, pendant que Mathieu, Chap et moi prenons l’apéro à côté de notre auberge, au soleil couchant.

14 - Maragua

15 - Maragua

16 - Maragua

17 - Maragua

 

Le soleil est maintenant couché, et il fait tout de suite beaucoup plus froid. On joue aux cartes en attendant le repas, et on vient nous annoncer qu’on a le droit à un spectacle bolivien. On avale notre repas rapidement (on aurait bien pris une petite portion de plus), puis on se dirige dans une petite salle à côté où nous attend le groupe de randonneurs croisé ce matin. On discute un peu avec Perrine et Clément, ainsi qu’avec Sophie et Babis, un couple avec qui ils voyagent depuis Salta. Ils sont dégoûtés d’avoir pris un guide pour faire cette rando, ils ont payé cher (80€ par personne pour 2 jours), la nourriture n’est pas terrible et ils font à peu près la même chose que nous. Le petit groupe bolivien (un prof et ses trois élèves) jouent de plusieurs instruments et chantent sous nos applaudissements. Popo a le droit de jouer (enfin d’essayer de jouer) un peu de flûte, et Mathieu et moi sommes invités à danser par les deux Boliviennes. La soirée est sympa et on donne une petite pièce à la fin pour qu’ils puissent acheter un ballon de foot pour les jeunes du village.

Après une bonne nuit, on s’installe à table pour le petit dej. En plus de notre boisson chaude, quelques petits gâteaux salés sont posés sur la table avec un peu de confiture. On mange ça rapidement, en attendant la suite… qui malheureusement ne vient pas ! On va donc partir l’estomac quasiment vide. En plus, on commence fort en montant le long du cratère, ce qui nous permet quand même d’avoir une super vue sur les montagnes, le village et les maisons éparpillées.

18 - Rando

19 - Rando

20 - Rando

 

Après une bonne marche au soleil, on arrive sur un site où on peut voir des empreintes de dinosaures dans la roche. Un monsieur vient nous voir pour nous demander de payer 20 bolivianos par personne, et sans trop qu’on comprenne pourquoi il s’énerve et menace de nous balancer un bâton de dynamite ! Oula, on se calme. On ne tarde pas trop ici et on continue à monter le long de la montagne. Les paysages sont toujours aussi beaux et c’est agréable de suivre des petits chemins, de couper à travers champs et de passer par des villages minuscules, juste en s’orientant grâce à Maps.me.

21 - Traces de dino

22 - MatP

23 - Rando

24 - Petit village

25 - Rando

 

Après notre petit-déjeuner frugal, la faim commence à bien se faire sentir et on s’installe au bord de la route pour faire bouillir de l’eau pour manger nos petits bols de nouilles chinoises. Ce n’est pas encore un gros festin, mais ça permet au moins de bien nous caler. Pendant ce temps, des petits se cachent derrière les arbres pour venir nous observer. Après une dernière longue marche, on arrive dans le petit village de Potolo, notre point d’arrivée. On se demande comment on va faire pour rentrer à Sucre, car d’après le mec qu’on avait été voir pour les infos, il n’y a qu’un bus qui part par jour, et difficile de savoir à quelle heure. Bon, il s’avère qu’il s’est encore trompé, un minivan attend sur la place principale et, après 45 minutes, c’est parti pour retourner à Sucre. Le début de la route de retour est vraiment sympa, on passe au bord de grandes falaises, mais ça secoue bien et on mange pas mal de poussière. Deux heures plus tard, on est bien content d’arriver à Sucre.

Au final, on n’a pas énormément eu d’échanges avec les Jalq’a, à part quelques bonjours furtifs, les danses traditionnelles et pour payer les droits de passage, mais les paysages tout au long de ces deux jours valent vraiment le coup, surtout avec le grand soleil qu’on a eu.

De retour à Sucre, on pose nos affaires dans une autre auberge, l’Hostal Charcas, on prend une douche chaude bien méritée, puis on se prépare pour notre dernière soirée tous ensemble. On commence par un repas au Condor Café, un restaurant végétarien bien connu des touristes, où on a l’occasion de goûter des bières locales à base de coca et de quinoa. On enchaine ensuite dans un bar à côté, les filles prennent une caïpirinha et Chap, Mathieu et moi voulons prendre une bière en happy hour, on tente donc la pecado original qu’on ne connaît pas. Dommage, quand on voit arriver nos verres, c’est la grosse déception, il s’agit en fait d’un peu de bière avec beaucoup de sirop de grenadine, beurk ! On prend quand même un autre cocktail pour se remettre. Puis, on file ensuite dans un karaoké – boîte de nuit, où on fera notamment de magnifiques interprétations de « Come as you are » (Nirvana), « Angie » (Rolling Stones), « Please, forgive me » (Bryan Adams) et « We are the champions » (Queen). Les vidéos sont censurées !

Réveil difficile le lendemain, mais c’est l’heure des au-revoir : après avoir passé de supers moments ensemble, Mathieu rentre en France, Chap et Flore vont à La Paz et nous on reste à Sucre pour se reposer, on en a bien besoin.



7 réponses à “Trek dans la Cordillera de Los Frailes”

  1. Marie-Laure & Bernard dit :

    On est impressionné par la photo de François avant-après :la métamorphose de l’homme des cavernes.
    Bises à tous les deux, profitez bien des 20 derniers jours de votre périple.

  2. Lachaud Monique dit :

    Intéressant aussi la Bolivie..Prochaine étape, le Brésil… Bien cordialement..Mone L.

  3. Regine et philippe dit :

    J’avais pris un peu de retard dans la lecture de vos articles mais je vous retrouve avec grand plaisir. Aventures toujours aussi passionnantes et toujours de très belles photos….grosses bises

  4. koko dit :

    Un article historique avec l’évolution d’un homosapien et des pâtes de dinosaure (vous auriez dû mettre votre main à côté pour se rendre compte de la grosseur, je parle des traces de dinosaure pas de la tête de François bien sûr). Bisous à vous deux !

  5. Philippe et jojo dit :

    Salut les petits loups enfin j ai rattrapé mon retard de lecture ,sympa cette Bolivie
    Vous passez du froid au chaud en rien de temps (en ce moment en France c’est un peu la même chose ,une semaine a 37 et le week-end 8 degrés au sommet du puit mary dans le cantal avec brouillard et sur une sortie moto)
    Bizarre ces péages a tous vos passage (si c’est pour acheter des ballons de foot c’est pas si mal)
    Mais votre gars avec sa dynamite, houla il fait peur
    Pour le rafraîchissement de François, moi je te trouvais bien sympa avec cette tête de baroudeur (la nouvelle coupe elle sent le retour)
    Et au faite ou vos nouvelles affectations vont vous faire atterrir ?
    Profitez a fond de vos derniers jours
    Bise a vous deux
    Ps
    Trop sympa de retrouver des gens que vous avez croisés un peu partout, le monde est finalement pas si grand

    • Francois dit :

      Pour le retour, ce sera Lyon pour nous. Pauline a trouvé un poste et moi ça devrait pas tarder (enfin, j’espère) !

  6. Françoise S. dit :

    C’est toujours aussi passionnant de suivre votre voyage…. Les péages étaient aussi très fréquents sur les routes il y a 27 ans et parfois laborieux…. Vos photos sont magnifiques.

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