Amritsar : un lieu parfait pour se retrouver à court d’argent

[Article écrit par Pauline]

 

Après 13 heures de train, plus de 30 photos et 2 friandises indiennes très lourdes à digérer (offertes par nos voisins de train qui nous ont limite forcé à les avaler !), nous voici arrivés à Amritsar, dans le Punjab.

Petit point culture :

Amritsar est la ville sainte du sikhisme, une religion monothéiste apparue au 16ème siècle suite à l’enseignement du Guru Nanak. Cet homme (plutôt pas bête !), entouré à la fois d’hindous et de musulmans, avait fait le triste constat que la religion, qui devrait pourtant unir les hommes, ne faisait en fait que les monter les uns contre les autres et était à l’origine de nombreuses discriminations. Après avoir effectué de nombreux voyages en Asie, il fonde la philosophie sikh, qui rejette le système de castes et prône au contraire l’égalité des droits pour tous, y compris pour les femmes (vraiment pas bête le type !). Cette religion, comme l’islam, croit en un dieu unique (le même dans toutes les religions) mais s’apparente plus à l’hindouisme, puisqu’elle retient les théories du karma et de la réincarnation.

Neuf autres gurus (professeurs) ont succédé au Guru Nanak, c’est au 5ème qu’on doit le fameux  temple d’Or d’Amritsar, construit au 17eme siècle et qui est donc le plus important lieu de pèlerinage pour les sikhs. Le 10ème Guru, mort en 1708, décida qu’il serait le dernier et que l’autorité religieuse serait par la suite assurée par la communauté sikh et les textes sacrés rédigés par les 5 premiers Guru. Ces textes sont réunis dans l’Adi Granth, le livre sacré, résidant au temple d’Or.

Aujourd’hui les sikhs représentent 1,8% de la population indienne, ce qui compte tenu du fait qu’il y a 1,2 milliards d’Indiens, n’est pas négligeable ! On reconnaît facilement un sikh : il a les cheveux enroulés dans un turban et une barbe longue, qu’il n’a pas le droit de couper et qu’il entretient donc grâce à un espèce de filet. A son poignet, il porte au moins un bracelet en argent et les plus initiés ont une dague à leur côté. De plus il ont tous le même nom : Singh pour les hommes et Kaur pour les femmes.

01 - portrait sikh

02 - sikh

 

Avec tout ça en tête, on avait hâte de découvrir le temple d’Or et ses fidèles, décrit comme de grands gaillards généreux et honnêtes. Et on n’a pas été déçu !

Pour rentrer dans le temple, il faut commencer par se déchausser et se couvrir la tête, puis on se lave les mains, on passe dans un petit bassin pour se purifier les pieds et enfin seulement on est autorisé à pénétrer dans l’enceinte. La 1ère vision du complexe nous scotche sur place : des bâtiments blancs entourent un grand bassin (le bassin au nectar) où trône en plein milieu le temple d’Or, entièrement en marbre, recouvert de feuilles d’or sur les parties supérieures et incrusté de nacre et pierres semi-précieuses pour les parties inférieures. Le dôme a été doré à l’aide de 750kg d’or !

03 - temple d'or

 

Tout autour du bassin a été aménagée une promenade, où les pèlerins se promènent, discutent, s’amusent avec les poissons du bassins ou s’assoient pour prier et méditer. Cela donne une ambiance très particulière au site : très spirituelle mais aussi très décontractée. On y vient en famille, seul ou entre amis, c’est calme, mais loin d’être silencieux ! Nous aussi, on choisit un sens et on tourne autour du bassin, non seulement ça nous permet d’admirer le temple sous différents profils, mais on peut aussi observer les fidèles. En rentrant, ils se prosternent tous devant le temple et font de même avant de sortir, ils se recueillent devant les différents lieux sacrés (arbre ou plaque commémorant les différents Guru) et se rendent dans les différentes salles de prières, où des « sages » récitent en continu les kirtants (hymnes sacrés) qui résonnent dans tout le complexe. Certains se baignent aussi dans le bassin, pour se purifier, un peu comme les hindous à Varanasi, mais attention : pas question de quitter turban et poignard pendant la baignade !

04 - déambulation autour du temple

05 - temple de prêt

06 - baignade

 

On peut pénétrer dans le temple d’Or, après avoir fait une queue interminable sur le pont qui le relie au reste du complexe. On entre d’abord dans la pièce contenant le livre sacré, bien à l’abri dans un coffre. La ferveur religieuse est alors à son comble : les pèlerins jouent des coudes pour pouvoir déposer leur offrandes. Ce sont des liasses et des liasses de billets qui s’entassent devant les musiciens et les sages psalmodiant les kirtans, imperturbables devant ce spectacle. Les fidèles rejoignent ensuite l’étage supérieur, lui aussi superbement décoré, pour méditer. Le temple est ouvert de 3h à 21h, car la nuit, le livre sacré est déplacé dans un autre bâtiment, le temps que le temple soit nettoyé. Ce transport donne lieu à une cérémonie particulière : le livre est transporté d’un lieu à un autre dans un palanquin supporté par toute une troupe de fidèles. On y a d’ailleurs assisté … à 21h, pas à 3h du matin !

07 - queue pour entrer dans le temple

08 - cérémonie livre sacré

 

En tout, on est resté 4 jours à Amritsar. Ce n’était pas prévu au départ, mais on s’est trouvé à court d’argent là-bas et on ne voulait pas rejoindre une nouvelle destination avant d’avoir renfloué les caisses… d’autant plus qu’Amritsar était l’endroit idéal pour les deux fauchés que nous étions. Je m’explique : le sikhisme prônant l’égalité sociale, tout gurdawa (temple sikh) se doit d’offrir le gîte et le couvert gratuitement à n’importe qui. Le temple d’Or ne fait pas exception et il possède donc une cantine communautaire immense et une auberge, gratuites toutes les deux. Et tout ça est rendu possible grâce au travail de bénévoles : ils s’occupent de tout, non seulement de faire la cuisine et la vaisselle au réfectoire, mais aussi du ménage dans le temple et dans l’auberge, jusqu’à la consigne de chaussures à l’entrée du temple.

On a donc profité de cette générosité – non on n’est pas des rapiats, une fois qu’on a récupéré des sous on a fait un don pour le temple d’Or – et on a vraiment été impressionné ! D’abord par l’accueil qui nous a été réservé dans l’auberge : alors que beaucoup de pèlerins dorment à même le sol dans la cour de l’auberge, une petite partie du bâtiment est réservée aux étrangers. On nous a proposé une chambre de trois, confortable avec des casiers permettant de stocker nos affaires et des douches communes avec eau chaude ! Largement mieux que l’hôtel où on avait passé nos premiers jours à Amritsar – faut dire aussi on avait fait fort : chambre minuscule, un tout petit peu plus grande que le lit deux places, sans aucune aération et donc sentant le moisi.

09 - cour de l'auberge

 

Mais le plus spectaculaire reste la cantine : en tout, ce sont entre 60 000 et 80 000 repas qui y sont servis tous les jours. Autant dire que ça dépote : dès qu’on y pénètre, on se voit remettre couverts et assiettes à thali, puis on se dirige vers « la salle à manger » où on s’assoit tous en ligne par terre. Des bénévoles viennent ensuite remplir les différents compartiments de l’assiette : dahl, curry, riz au lait et chapati, et le tout à volonté s’il vous plait… Par contre il ne faut pas trop traîner pour manger, d’autres attendent leur tour ! En quittant la cantine, on passe devant les cuisines : certains épluchent les pommes de terre, d’autres les petits pois, et juste à côté on fait la vaisselle à la chaîne : ça c’est de l’organisation et ça fonctionne bien, car en plus de servir des quantités énormes, c’est plutôt bon !

10 - refectoire

11 - bénévoles qui cuisinent

 

Nos activités durant ces quatre jours n’ont pas été très diversifiées. On a passé beaucoup de temps à explorer la ville à la recherche d’un ATM ouvert, on a pu remarquer au passage le contraste entre le quartier autour du temple, tout juste rénové – qui avait un faux air de quartier « Disney » comme en Chine – et le reste de la ville semblable à toutes les autres ville indiennes !

12 - quartier nouveau

14 - quartier normal

 

Mis à part ces recherches, on s’est surtout promené dans le temple d’Or à différents moments de la journée. Après être rentrés plus de 6 fois dans l’enceinte, il n’a plus de secret pour nous ! On a aussi mangé des kulchas, spécialité de la ville, sorte de naan fourré et frit.

15 - kulchas

 

Et on s’est fait prendre en photo… Car oui, c’était la folie, on ne s’est jamais senti aussi star qu’à Amritsar ! Dans le temple d’Or ou à l’extérieur, les gens n’arrêtaient pas de venir nous chercher pour qu’on prenne la pause avec eux : bien souvent, on restait alors coincé pendant 10min (pour que chaque membre de la famille ou du groupe d’ami ait le droit à « sa photo souvenir »)

16 - photo

17 - photo bis

 

Finalement, après ces quatre jours, on s’est avoué vaincu, impossible de trouver un ATM d’ouvert. On a donc été obligé de se rendre à la banque pour échanger nos derniers euros (seulement 20…) puis on est parti pour notre dernière destination en Inde : Mac Leod Ganj, la ville où s’est réfugié le Dalaï Lama. Peut être que notre karma en sera amélioré et qu’on aura donc plus de chance là bas avec les ATM !

18 - encore un sikh

19 - le dernier !



6 réponses à “Amritsar : un lieu parfait pour se retrouver à court d’argent”

  1. clarou dit :

    cette fois cest moila premiere. Tourjours aussi belle les photo

  2. Marie-Laure & Bernard dit :

    Cette fois ,je ne suis que deuxième mais j’ai une bonne excuse,Lucien.
    Bises à tous les deux

  3. Regine et philippe dit :

    Quelle expérience : se retrouver sans argent et s’en remettre à la providence !!! Grosses bises

  4. Koko dit :

    J’ai beaucoup aimé ces photos, surtout l’apollon de la 6e photo, le turban bleu de François (qui te va à RA-VIR bien sûr), par contre le monsieur de l’avant dernière photo à pas l’air très content…vous vous étiez mal lavé les pieds ou quoi?

  5. Marie dit :

    Bah dis donc François tu as pris du bide (cf. 6ème photo) haha 😉

    Super belles ces photos !

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