L’Ilha do Mel, the last one

[Article écrit par Pauline]

 

Il est plus que temps pour nous de vous raconter notre ultime étape du voyage. Pourquoi avoir mis tant de temps à mettre un point final à notre aventure ? Et bien déjà, on a été très occupé depuis que l’on est rentré : on court encore plus partout que lorsqu’on voyageait. Et puis surtout, même si on est rentré depuis plusieurs mois, on n’a toujours pas envie de se dire que c’est fini !

Mais allez, il faut bien se décider un jour, et notre grand voyage mérite bien une belle fin ! Replongeons nous donc dans le contexte : nous venons de quitter Iguazu en bus, et nous nous dirigeons vers l’Ilha do Mel, l’île du Miel en portugais, une petite île toute tranquille, prisée des familles brésiliennes mais jamais bondée. On nous a promis de jolies plages sauvages, une végétation abondante et des petites guesthouses « peace and love », sans oublier les caïpirinhas et les poissons grillés ! Bref, une destination parfaite qui devrait nous permettre une transition en douceur avant de rejoindre la France.

Mais avant d’y arriver, nous faisons une première étape à Paranagua, une petite ville pas touristique pour un sou, d’où on peut prendre un bateau pour rejoindre l’Ilha Do Mel. Nous y arrivons en fin de matinée et décidons d’y rester la journée, nous gagnerons l’Ilha Do Mel le lendemain, par le premier bateau. Trouver un hôtel n’est pas une mince affaire, on en trouve seulement deux dans la ville : le premier, qui a une porte barricadée par une planche de bois, ne nous inspire pas confiance. Nous tentons donc le deuxième, avec vue sur la mer, et à notre surprise, il est plutôt confortable et pas trop cher pour le Brésil. On prend une chambre pour deux avec salle de bain et petit déjeuner, et on a même accès à une cuisine commune !

On s’installe et on ressort bien vite : il est l’heure de manger. Sur les conseils de notre hôtel, on se dirige vers une cour à ciel ouvert, où sont réunis plusieurs petits restaurants. Quand elles nous voient arriver, les rabatteuses se jettent sur nous et essaient de nous attirer chez elles en brandissant leur menu par-dessus les autres. Mais malheureusement pour nous, ce n’est plus l’espagnol qui est utilisé ici et on ne comprend pas grand-chose à ce qui est écrit. Heureusement, Maria (elle aussi une rabatteuse) arrive à notre rescousse avec son portable et une application qui permet, en scannant le menu avec le portable, de traduire en direct les mots en anglais. En plus, belle joueuse, elle nous laisse regarder le menu des concurrentes avec son portable. Mais de toute façon, comme on s’y attendait, les restos proposent tous à peu près la même chose, et on finit par choisir le restaurant de Maria, plus pour elle que pour le menu. Très sympa, elle nous installe à une petite table avec nappe à carreaux et nous met à l’aise en se présentant et en nous aidant à faire notre choix. On nous avait dit que les Brésiliens étaient très chaleureux et pour l’instant on n’est pas déçu !

On jette donc notre dévolu sur un des plats emblématiques du Brésil, le « comercial », une formule où on choisit entre poisson, viande et fruits de mer, frits ou non et qui sont servis avec de nombreux accompagnements :  plat de haricots rouges, crudités, frites, riz, sauce au poisson très épaisse et la fameuse fajofa, la semoule de manioc frite, que les Brésiliens accommodent à toutes les sauces. Une chose est sure, on ne va pas mourir de faim ! Mais étrangement, je n’apprécie pas plus que ça le plat et j’ai un peu de mal à manger. Ah ah, mon système digestif me jouerait-il encore un dernier tour ?

Cela se confirme en effet l’après-midi. On visite un peu les alentours, mais me promener au bord de la mer me donne la nausée et en ville, ce n’est pas mieux, je me sens toute faible. Je refuse même une glace que François me propose, signe que ça ne va vraiment pas ! On rentre donc à l’hôtel, après avoir fait des petites courses pour le repas du soir (pâtes sauce tomate, il n’y a que ça qui me tente) et je passe le reste de la journée entre le lit et les toilettes…

Le lendemain, au réveil, je ne vais pas mieux, on dirait vraiment que j’ai une grosse gastro ! Tant pis, je prends mon courage à deux mains, on va quand même prendre le bateau pour l’Ilha Do Mel, sinon on manquera vraiment de temps pour la visiter et puis merde (c’est le cas de le dire !), c’est la fin du voyage, je n’ai pas envie de la passer sur les toilettes d’un hôtel ! Espérons que l’air marin me fera du bien !

On embarque sur le bâteau à 9h et c’est parti pour un trajet d’une heure et demi. Heureusement, le paysage est là pour me distraire et l’air marin me fait du bien. On croise même un dauphin ! Je ne suis quand même pas mécontente d’arriver sur la terre ferme ! Aussitôt, on se met en quête d’un hébergement. On emprunte les petits chemins en sable qui sillonnent l’île à la recherche de la perle rare : pour notre dernier hébergement du voyage, on veut se faire plaisir, sans exploser le budget, du coup on fait un peu nos difficiles. Les guesthouses sont toutes assez mignonnes, l’ambiance « baba cool » se fait sentir : hamac, végétation dense, couleurs gaies, toutes ont l’air sympa mais on trouve toujours quelque chose à redire. Finalement, je m’avoue vaincue et François part seul à la recherche de notre bonheur pendant que moi j’attends, assise à l’ombre. La chaleur n’améliore pas mon mal de ventre !

Il revient peu de temps après, tout fier de sa trouvaille : en plus d’être super confortable et avec une terrasse donnant sur la mer, le patron a promis à François un petit déj qu’on n’est pas prêt d’oublier. Il ne nous en fallait pas plus pour nous décider (en espérant que je pourrais profiter du petit déjeuner le lendemain) et nous nous installons donc à la guesthouse « Pousada Praia do Farol ». Chambre et salle de bain privées, avec tout de même, la salle de bain séparée de la chambre (il ne faut pas exagérer non plus) mais de l’eau bien chaude. Youpi, ça faisait longtemps !

Toujours pas au top de ma forme, je passe le reste de la journée à dormir (pour une fois qu’on a un lit bien confortable, il faut en profiter !) pendant que François se promène un peu sur l’île.

L’île a une forme particulière : elle est quasiment séparée en deux parties, avec tout juste une mince bande de sable qui les relie entre-elles. La partie nord est constituée d’une réserve écologique non accessible et c’est surtout au sud que se concentrent les touristes, avec deux villages pour les accueillir. Nous, nous sommes au Nord de la partie sud, dans le village de Brasilia. Le soir, je me décide enfin à bouger un peu et j’arrive tant bien que mal à me trainer sur la plage en face de l’auberge pour admirer un joli coucher de soleil. Pour le repas, je me contenterai d’un riz nature en espérant que ça m’aidera à guérir le lendemain. François lui, tout triste pour moi, essaie de se remonter le moral avec une caïpirinha !

01 - plage sur l'ilha do mel

02 - début du coucher de soleil

03 - le coucher de soleil

 

Le lendemain matin (avant dernier jour !),  je me sens un peu mieux. On descend à l’accueil pour le petit déjeuner, pressé de découvrir si le patron disait vrai. Et on n’est pas déçu! On se retrouve face à une immense table débordante de bonnes choses : des gâteaux, différents pains accompagnés d’un assortiment de confitures, miel et petits fromages frais, du jus de fruit fait maison, de la charcuterie, une immense coupe de salade de fruits, des yaourts, … Yahou on ne va jamais réussir à tout goûter, surtout moi, aujourd’hui il va falloir que je me raisonne si je ne veux pas encore passer la journée au lit. On s’installe à table et tout de suite la patronne vient nous proposer quelque chose en plus de ce qu’il y a en libre service (comme si ça ne suffisait pas) : ce sont des petits « pao de quejo », littéralement des petits pains au fromage en forme de boulette, croquant à l’extérieur et fondant à l’intérieur! On en avait déjà mangé au Brésil mais là ils dépotent : tout chaud sortis du four c’est délicieux, on devient vite accro !

04 - le big petit dej

 

Après le petit déjeuner, qui aura été très raisonnable pour moi, on décide d’aller se promener un peu. Au programme, une petite balade jusqu’au phare das Conchas. Rien de bien méchant : 30 minutes de marche avec une petite grimpette à la fin : je ne veux pas prendre de risque ! Le phare, situé en hauteur, nous offre une belle vue sur la praia (plage) Grande et la praia do Farol. On rentre ensuite tranquillement à l’auberge en passant par les petis chemins de sable typiques de l’île. On se sent bien ici, il y a déjà comme un parfum de nostalgie dans l’air…

05 - objectif phare

06 - objectif atteint

07 - François devant la plage do Farol

08 - les petits chemins

 

Après un repas composé de riz blanc pour moi, je me sens en forme et on décide de pousser plus loin notre exploration de l’île. Direction la forteresse de l’Ilha do Mel et ses canons ! Pour y aller aucun moyen de se perdre : il suffit de longer la grande plage de Forteleza vers le Nord, pendant une heure. En chemin, on se remémore tout les bons moments passés pendant cette année, on joue à deviner « les meilleurs moments de l’autre (le meilleur repas, la personne la plus attachante, le lit le plus confortable, le pire mal de ventre…) et on imagine nos vies en rentrant… on est quand même super pressé de retrouver nos familles et notre lit (la douche aussi pour moi !)

Le soleil commence à se coucher sur le fort, il est temps de rentrer! Ce soir, je m’accorde le droit de boire une gorgée de caïpirinha, il faut quand même fêter le dernier soir sur l’île et notre dernier « vrai soir » du voyage (le vrai dernier, on le passera dans le bus puis à l’aéroport). Comme mon ventre va mieux, je me lâcherai plus sur la nourriture : poisson grillé au menu… on le savoure d’autant plus qu’on sait que c’est le dernier… un des nombreux « derniers » d’une longue liste.

09 - le fort

10 - enfin un vrai repas

 

On va se coucher avec un petit pincement au cœur, demain c’est notre dernier jour… Et on compte bien en profiter à fond : petit déj de folie pour nous deux ce matin là, mon ventre va mieux, j’en profite. On part ensuite visiter la partie sud de l’île, qu’on n’a pas encore vu. Nous nous rendons à Encantadas, le deuxième village de l’Ilha do Mel. En chemin, on s’accorde de longues pauses sur les plages qu’on croise en chemin… nous ne sommes pas fatigués, non : le chemin est facile malgré la marée montante qui nous oblige à escalader les rochers et la valise dont s’est encombré François pour aider un monsieur (le moins sympathique de tous les Brésiliens by the way). Mais on fait de longues pauses pour profiter du moment (faire durer ce dernier jour) et reprendre notre jeu favori « les meilleurs/pires moments ». La matinée passe bien trop vite et à peine arrivé à Encatadas qu’il faut déjà faire demi-tour. Il ne faudrait quand même pas louper le bateau… ce qui nous ferait rater notre bus jusqu’à Sao Paulo, ce qui nous ferait manquer notre vol pour Paris, ce qui prolongerait les vacances ! Ah finalement, ce n’est peut être pas une si mauvaise idée que ça!

11 - en route pour Encatadas

12 - bientôt la fin

 

Mais on est raisonnable, et on arrive à l’heure pour le bâteau… la suite, je ne la raconterais pas, ce n’est déjà plus le voyage : un bus, un aéroport, un avion, notre tête est ailleurs, on ne sait pas si on doit être triste ou content… on essaie de s’occuper en lisant, en mangeant des pao de quejo, en regardant des walking dead mais on trépigne, cet « entre-deux » est trop long ou alors c’est que tout va trop vite… ça non plus on ne sait plus! Et puis on se retrouve entourés de Français, on est soulagé une dernière fois en récupérant nos sacs chéris sur le tapis roulant et une Clara me tombe dans les bras ! C’est la fin, mon père et ma mère sont là aussi, ils sont toujours là dans ces moments là, il en manque encore quelque uns mais on va bientôt les retrouver ! Après un café et un pain au chocolat que ma maman a  pris soin de nous ramener de Saint Gervais (elle nous connait bien!), c’est l’heure pour François de prendre le train pour rejoindre sa famille qu’il a hâte de revoir! On part donc chacun de notre côté, non sans une grosse appréhension : ça fait un an qu’on vit 24h/24 ensemble, on n’a pas du se quitter plus d’une heure et maintenant il va falloir tenir sans se voir pendant une semaine ! Dur !

Pendant que François somnole dans le train, bien mieux installé que dans les sièges raides des trains chinois, moi je rentre en voiture ultra-confortable. Ca me fait sourire, car à peine entrée dans la voiture, je boucle ma ceinture… les vieilles habitudes vont se reprendre vite apparemment !

Chacun de notre côté, on referme ce voyage comme on l’a commencé, en croquant dans un gâteau aux pépites de chocolat et en rêvant à nos prochaines aventures. Et oui on ne se refait pas : on aime manger, mais pas autant que voyager !



3 réponses à “L’Ilha do Mel, the last one”

  1. koko dit :

    Hé bien moi aussi j’ai eu ma petite larmichette à la fin :). Merci de nous avoir fait rêver à travers ces beaux articles et ces belles photos. Vivement le livre 🙂

    Gros bisous à vous 2

  2. BEATRICE dit :

    Très jolie fin que je viens de découvrir avec toujours autant de plaisir !! bisous à vous deux

  3. MARINO dit :

    BONJOUR
    Je viens de découvrir la fin de votre voyage car vous m’avez fait voyager pendant toute ma convalescence à la maison et j’étais étonnée de ne pas avoir de fin. Voilà ça y est. J’espère que vous avez retrouvé tous les 2 un bon poste. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et encore des voyages. Merci à François que je voulais remercier pour la plante qu’il m’a laissé en partant et que je n’avais pas pu voir avant son départ.
    Bonne continuation à vous 2 et beaucoup de bonnes choses

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